mercredi 19 décembre 2012

Bostan Abad - Karaj

Comme prevu, nous nous sommes separes pendant 5 jours, pour se retrouver a Rasht. Voici les aventures paralleles!

Bostan Abad - Rasht via Khalkhal, Robin:


Premiere etape d'une grosse centaine de km pour rallier la premiere ville, Mihaneh, dont 80 en faux plat descendant : je pars donc confiant. C'etait sans compter sur le vent qui m'oblige a forcer pour maintenir un petit 20km/h!
A peine arrive, on m'interpelle avec des signes qui ne trompent pas : on va me poser quelques questions puis m'inviter au tchai. J'en ai bien besoin! Apres plusieurs tchai, je demande si il y a un hotel pas cher dans le coin. Mehmet me repond qu'il a un "free hotel" si je le souhaite, et me propose de manger iranien. Je ne mets pas longtemps a accepter le repas et la nuit. On est 7 a manger, et comme souvent chacun arrive avec quelque chose, puis tout le monde s'affaire pour preparer le repas (avec toujours quelqu'un de libre pour s'occuper de moi, quand meme!). Mes hotes sont particulierement curieux et je dois deballer tout mon materiel en essayant d'expliquer les details techniques. Pas facile de dire "par une temperature de -20 degres un type a poil dans mon duvet peut survivre pendant 6h" avec des signes. Ilaj est tres interesse par la tente, et quand je dis qu'elle est super-waterproof il s'empresse d'aller cherche un verre d'eau pour le balancer dessu. Convaincu, Ilaj! Je montre egalement mes photos qui ont un grand succes, notament celle ou je viens de me raser le crane : c'est le fou-rire general, ils rient tous aux larmes, impossible de les arreter pendant 10 minutes! J'etais si vilain?

Je repars en direction de Khalkhal, malgres les protestations de mes hotes : il va faire tres froid, je vais devoir pousser mon velo tellement c'est pentu, et je risque de me faire attaquer par des loups. Bon, le coup des loups ca fait une centaine de fois qu'on nous le fait et on a toujours pas vu le bout de leur museau. Pour le reste, je me debrouillerai bien!


Je ne met pas longtemps a me perdre. Apres avoir passe 5 minutes a essayer de comparer les signes des panneaux avec ceux de ma carte en farsi, je m'en remet a ma boussole. La route devient piste, et le "cling cling" apparait. Je m'explique : pour me fondre dans la masse j'ai accroche des decos (jaunes et bleues, fidele a mes couleurs) a mes rayons, comme c'est la mode depuis l'Albanie. En dessous de 7 km/h, la roue ne tourne plus assez vite pour coller les bout de plastique a la jante et ceux-ci font des aller-retour sur les rayons en faisant un "cling cling" assez agacant. C'est un signe qui ne trompe pas, quand le "cling cling" apparait c'est qu'on est dans le dur. Et aujourd'hui, je me fait une journee "cling cling"! Peu de villages dans ces montagnes, mais de nombreuses personnes en voiture s'arretent pour m'offrir leur aide, du tchai, des pommes, des biscuits ou . . . du parfum! La nuit tombe et j'ai encore 20 km jusqu'a Khalkhal, je suis a bout de force. Mais il se produit un truc qui nous arrive de temps en temps dans ces moments la : comme si le cerveau se deconnectait et que les jambes se mettaient a tourner toutes seules. J'arrive a l'etape comme un zombi et je m'effondre dans un hotel. Vers 3h du mat', alors que je me leve pisser, le seul autre resident insiste pour m'offrir le tchai et un casse croute. Je reste plus d'une heure a discuter avec lui et il m'exlique qu'il ne dort jamais, visiblement c'est un truc qui ne l'interesse pas.
Apres plus de 50 km de descente vers la Caspienne, je decide de ne pas reprendre un hotel le soir. Je demande donc ou est-ce que je peux planter ma tente. Un type a moto me guide, et s'arrete au milieu de la rue principale; il me montre le trottoir. Il comprend que ca ne me convient pas super, alors on reprend la route. Nouvelle pause, il me montre un autre trottoir mais deux fois plus large que le precedent. Je suis un voyageur difficile, ca ne me va toujours pas. Il finit par m'enmener voir un petit type qui me dit de le suivre. Il m'enmene dans une piece chauffee, avec salle de bain et tele. Je viens de passer du trotoir a une chambre de luxe.


Je roule fort le long de la Caspienne et j'arrive avec une journee d'avance au point de rendez-vous, a Rasht. J'en profite pour me reposer et trainer dans la ville qui a un bazaar particulierement sympathique. Je passe du temps a regarder la rue, les iraniennes sont si jolies qu'il serait possible de rester assi dans une rue pendant des heures, sans s'ennuyer.
Mais rares sont les contacts avec les femmes ici. Pendant l'aprem jee cherche un coffeenet ,comme on dit ici, et je trouve une petite boutique avec des ordis mais que des dames a l'interieur. Je m'aprete a rentrer quand un type me bondit dessu : je dois rentrer a cote. Je vais voir a cote et je ne trouve rien. Je retourne donc dans la boutique a bonne-femme, qui sont bien genes de me voir rentrer la. Apres beaucoup d'hesitation, une me propose de me conduire a un coffeenet ou je suis autorise a aller. Et je comprend son hesitation : a peine sorti un homme m'interpelle et me fait des signes "qu'est-ce que t'es en train de faire la?!"! En effet, ici la loi interdit a un homme et une femme de se montrer ensemble en public s'il ne sont pas marries ou de la meme famille. C'est pas un peu dingue ca? Mais Sarah continue de me guider, regard fixe, tete haute et sourire en coin.



Bostan Abad - Rasht via Ardabil, Vic :


Je fais feu direction plein Est pour rejoindre Astara.


Dans les montagnes avant Ardabil, je dois freiner avec les pieds, je ne peux pas prendre de vitesse sous peine de prendre de belles tangentes dans les virages, mes patins sont totalement HS; je les change donc pour la premiere fois du voyage. Avec une pareille charge et plus de 6000 km a leur actif je considere qu'ils ont fait leur job ! Les 6000 kms sont franchis le deuxieme jour. J'arrive a Ardabil a la tombee de la nuit, le temps est charge; les nuages sont lourds, epais et gris. Il y a de la bruine et il ne fait pas chaud. J'y achete une carte de l'Iran totalement en farsi. En fait, sur le coup je ne compte pas vraiment l'acheter vu qu'elle est illisible, mais les deux bouquinistes sont plutot sympas et m'offrent le cai !
Je fais un tour au bazaar, l'architecture est belle, mais sinon, le bazaar en lui meme est plutot ridicule. Sur le trottoire j'apercois de plus en plus de stands avec des poissons frais, la mer caspienne n'est plus tres loin!
C'est a Ardabil que je decouvre les boulangeries; il n'y a pas de boutique. Les gens s'agglutinent devant la grande vitrine de l'atelier et par une petite fenetre les boulangers, profitant d'un moment de repi, tendent les pains. Juste devant, il y a une grille qui repose sur des genre de treteaux, des brosses y sont posees, il faut alors degager le pain des residus de farine et de charbon.


Le lendemain, grand soleil, temps froid et sec. Impecc ! Je croise le mont Sabalan (4811m) il est superbe, il est tres large et sa surface enneigee est impresionnante. Plus loin, des policiers m'arretent, l'un d'eux, le sourire jusqu'aux oreilles, me lance: "Hello, what's your name?"- "Vic and you ?", il me repond et repartent tout contents. 500 m plus loin, alors que je passe devant une voiture garee sur le bas cote, un homme passe la tete a travers la portiere: "Please!'. Il m'invite a m'asseoir a ses cotes, il est medecin et me sert du cai !
Je continue de grimper sur 2 km, puis juste devant un tunnel - qui, je le sais via le medecin, annonce une descente de 40 bornes - je fais la connaissance de 7 francais, 4 mecs 3 filles.


Eux vont dans l'autre sens et viennent donc de se taper une mechante cote. Les filles ne sont pas encore arrivees en haut, ils les attendent.


Ils voyagent depuis longtemps, cela fait 3 ans et demi qu'ils sont a velo. Ils prevoient d'etre en France a la fin du printemps. Je me demande encore: sept ?! Bon sang comment font-ils ?

A la sortie du tunnel tout change c'est incroyable, tout est vert. Je descends jusqu'a Astara, il y a des grandes forets et c'est humide. En arrivant a Astara je n'ai qu'une idee en tete: voir et toucher la mer caspienne, mais dans le centre ville je dois passer par la case toilettes en urgence (a part dans les mosqees et grands restos il n'y a d'ailleurs pas beaucoup d'endroits), et vais donc dans des WC minables dans la cour d'une mosquee. Alors que je m'approche de la mer un jeune en scooter vient a mon niveau, il m'accompagne et discutons un peu. Enfin je tate la mer caspienne. On va pas le cacher, la mer et le sable sont gris, comme les nuages d'ailleurs: c'est moche. En revanche la mer est agitee, cela lui fait somme toute un petit charme.


Je passe au berber, je voyais cela comme un agreable moment de paix et de silence: erreur !
Des ados me scrutent en me criant au visage: "Zidane ?!!!" "Benzema?!!" "Play football?" tout en s'etoufant de rire. Je bouillonne. Pour me faire une petite farce le barbier me laisse la moustache a la Hitler, cette fois les ados n'en peuvent vraiment plus. Je finis par me faire photographier avec chacun d'entre eux. Je ressors leger, cette lourde barbe me pesait !

Au cybercafe je me fais invite a une soiree par un groupe d'amis. Ils sont douze dans la maison, festin et jeu apres le diner, je leurs passe aussi les photos sur la tele. Ils me ramenent ensuite en voiture (hotel deja paye !).


Le lendemain, pluie. C'est la que je fais ma journee record: 177 km. A vrai dire je ne comptais pas en faire autant, je voulais passer par une ville en bord de mer avant de piquer dans les terres vers Rascht mais un homme m'indiqua un mauvais kilometrage. J'arrive a destination (Anzali) completement assome et trempe, mes sacs plastiques en guise de surchaussures sont totalement dechiquetes. Je m'arrete au premier kebab, je peine a commander. Les gens me prennent pour un fou furieux. Pour finir de m'achever je passe 3h a trouver un hotel. Des jeunes m'aident, ils sont en voiture, je les suis en velo mais ce sont que des hotels un peu chics. Ils finissent par avoir une petite promo, je cede. Balcon avec vue sur la mer, elle est a 10 metres.


Je decolle le lendemain vers 12h30, nous avons rdv a 17h, j'ai le temps et parcours tranquillement les 40 km restants jusqu'a Rasht. Je longe de nombreuses rizieres et me fais encore offrir le cai sur la route.



De nouveau reunis!
On se retrouve avec Vico en ayant chacun beaucoup aprecie notre petite escapade. On avait tous les deux besoin de souffler. Est-ce que vous vous imaginez 24h/24 pendant trois mois avec l'un d'entre nous? Dur, non? Vous pouvez donc imaginer qu'on ai besoin d'un peu de solitude de temps en temps!

On reprend notre rythme habituel le long de la Caspienne, le temps est pourri. C'est une des caracteristiques de la cote, il pleut tout le temps. Et ils en sont assez fiers! On se fait regulierement arreter par la police iranienne, mais c'est simplement qu'ils ont envie de discuter. Parfois ils ne demandent meme pas le passeport, une fois on se retrouve a se faire payer le tchai.



Deja pres de trois semaines qu'on roule en iran et on ne pige toujours rien au Ta'arof, la regle de politesse qui veut que l'on refuse plusieurs fois un offre avant de l'accepter. Un coup on accepte rapidement et on se dit qu'on a ete impoli, la fois d'apres on refuse trois fois et une offre allechante nous passe sous le nez. Bref, on n'a pas encore toutes les subtilites!
Traverser une route ici, c'est danger de mort a tout instant. Les pietons n'ont clairement aucune priorite, et faut des fois prendre son courage a deux mains pour atteindre l'autre cote d'une rue. Mais sur nos becanes on arrive a se fondre dans le flot, et on est de plus en plus a l'aise pour slalomer parmis les bagnoles qui font n'importe quoi.






Apres plusieurs journees de flotte on repique dans la montagne en direction de Teheran. Nous attendent 80 km de montee, dont 40 assez ardus. Sachant qu'on en a pour un moment, on monte tranquille, en admirant le paysage. Le givre ne tarde pas a apparaitre, rapidement suivi par la neige. Les iraniens doivent penser qu'on est completement cingles de monter cette cote par ce froid : on est pris en photo sous toutes les coutures depuis les voitures ou le bord de la route. Si la cote est assez solide, c'est la descente qui nous inflige une veritable torture. La neige qui tombe nous bouche completement la vue, et surtout les pieds et mains ne se rechauffent plus. Ca pique tres tres severement, on a tous les deux envie de pleurer, mais bon quand meme on est des solides! On serre les dents, je m'arrete plusieurs fois faire ce que je peux pour rechauffer mes mains car je ne parviens plus a freiner (et dans une descente pentue et glissante c'est pas le top). On se jette dans le premier tchai que l'on trouve, mais les tortures ne sont pas finies, il faut que le sang revienne dans les doigts. Et ca donne l'impression d'avoir un petit etau qui serre chaque doigt tres tres fort; rien de tres agreable quoi. On fini par se rechauffer et on courre se vautrer dans le luxe d'un hotel trois etoiles. Et s'il n'y avait eu ni ville ni hotel? On se serait probablement jetes du haut d'une falaise.



On ne se fait pas avoir le lendemain : chaussettes par dessus les gants, et sacs plastiques par dessus les chaussettes. Il fait moins froid et la descente sur Karaj se passe bien, dans des paysages assez epoustouflants. Demain nous serons a Teheran, ou quelqu'un nous a invite a dormir, et on decollera le 23 en direction de Bombay. Meteo a Bombay : 33 degres.




"Quand la sagesse est descendue des etages du ciel vers le centre de la terre, est s'est etablie en quatre gites et s'est installee en quatre demeures : dans le cerveau des Grecs, sur la langue des Arabes, dans les mains des Chinois et dans le coeur des Perses."  Al-Sadjâssi, debut XIIIe



Le reste des photos c'est par ici

14 commentaires:

  1. Les paysages sont grandioses mais le climat est rude ..c'est peut-être une des raisons de l'hospitalité des iraniens mais ce n'est pas la seule.C'est certainement dans la tradition de ce pays .Ca change de chez nous...
    En tout cas vous êtes rudes à douleur ,et cette fois vous avez souffert du froid .
    Encore bravo et félicitations pour le contenu de ce blog .
    Bonne continuation dans votre aventure ...
    Nous sommes aussi du voyage..
    CM (Limoges)

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  2. Hey, les voyageurs !

    Comment te dire Robin.. Ta coupe était... enfin c'était différent =D

    Normal que vous ayez besoin de prendre l'air ! Vous avez du avoir beaucoup de choses à vous raconter ;)

    On attend avec impatience la suite des aventures!
    Vivement la chaleur !

    Bonne continuation !

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  3. à deux c'est mieux mais
    aie aie aie ça caille,
    heureusement i'y a le tchaï!

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  4. On dit :qui veut voyager loin ménage sa monture.Alors j'ai une pensée pour vos vélos qui se comportent remarquablement malgré les conditions souvent agressives .Bravo pour les 177km ,une étape du tour.Vivement des images de soleil,bon courage à vous deux.Alain.

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  5. Vous l'avez bien dit : vous êtes des durs. Bravo vous avez passé des jours de grand froid qui seront des souvenirs très chauds.
    Si vous avez pris note d'un site qui parle des sept français que vous avez croisé, vous pouvez le mentionner; je pourrai ainsi les encourager.
    Pour profiter de votre long voyage, donnez la priorité au repos
    A bientôt et BONNE ROUTE les petits gars... Nous sommes fiers de vous
    Francis et Paulette - Belgique

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  6. JOYEUX NOEL! à vous deux et à vos familles, en ces périodes de fêtes nous pensons bien à vous et vous remercions de nous faire partager cette très belle aventure humaine.Toute la famille vous embrasse.les Cailloce

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    1. Merci pour eux ....ils sont arrivés à Bombay hier soir avec les précieux vélos dans leurs bagages .Ils sont enchantés de leur séjour en Iran.
      Joyeux Noël à vous tous ici sur le blog.

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    2. Merci pour ces bonnes nouvelles et joyeux Noël à vous également

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  7. JOYEUX NOEL à vous deux.Je pense bien à vous,vous souhaite bon courage et de la chaleur pour les prochains jours.
    Merci encore pour vos photos et reportages.C'est un plaisir de vous lire!
    Bises d'une tatie de Victorien

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  8. Joyeux Noël et bonne continuation à nos deux voyageurs de la part de la famille Gaucho

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  9. Bonne année 2013 .
    Et toujours autant de belles photos et d'articles sur ce blog ...
    CM (Limoges)

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  10. Bonne année 2013 à vous deux et continuez de nous permettre de nous évader avec vos belles photos.Nathalie M

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  11. Namaste.
    Bonne Année 2013 à vous deux . attention à ne pas renverser les vaches.Pensez
    à vous mettre la ticka sur le front et le collier de fleurs autour du cou ...
    Franck ,Catherine et Charline

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  12. Bonne Année 2013 à vous deux.
    On attend avec impatience la suite de votre aventure!!!
    Tatie de Victorien

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