dimanche 17 mars 2013

Nakhon Ratchasima - Luang Prabang (Laos)









On fait une etape de pres de 200km pour rallier Khon Kaen. On est sur une grosse route pas bien interessante, et on prefere filer. Apres tout il suffit de debrancher le cerveau et de pedaler! On arrive a Khon Kaen epuises. On tombe comme des masses derriere des buissons, en pleine ville.
On ne voit pas la lumiere du jour pendant les jours suivants : on a trouve le U-bar, toujours rempli d'etudiants Thai de notre age, et on y passe quelques nuits.


Avant de reprendre la route, il me faut passer chez les flics : les types qui m'ont vole ma carte de credit ont reussi a me vider mon compte, il faut que je depose une plainte pour faire marcher l'assurance. Et le moins qu'on puisse dire c'est que la police ne semble pas debordee. Je suis acceuilli par une policiere qui fait faire du coloriage a sa fille, qui m'enmene voir un policier allonge par terre en train de roupiller devant sa tele. Pas un ne parle anglais, mais je finis par avoir un bout de papier qui a l'air d'une declaration de vol.



On choisit de faire un detour de quelques jours pour rouler sur de petites routes et longer le mekong. C'est autre chose que l'autoroute. On prend bien notre pied a retrouver les petits villages et le calme. On n'est pas trop temeraires sur la bouffe car ils mangent vraiment des choses immondes et non identifie, l'odeur sur les marches peut etre insoutenable, ils boivent a pleine gorgee des liquides dont meme l'odeur nous donne la nausee. On s'en tiens aux classiques, riz au porc, soupe de nouilles, brochettes de viande on se regale avec ca. Les cafard dans une sauce gluante, c'est pas pour tout de suite.

Un matin, a l'ouverture du marche, on assiste a un rituel qui nous intrigue bien. Des femmes accroupies font bruler de l'encens et prient, dans la rue. Des moines arrivent avec de grands paniers en bambou, passent devant ces dames et recoivent de la nourriture a profusion. Ils ne disent rien, ne jettent pas un regard, alors que les femmes qui viennent de leur offrir a manger pour la journee les remercient mille fois. Ils s'enmerdent pas quoi! Du coup l'idee de se faire moines nous traverse l'esprit. Car apres leur petite tournee du matin, les moines rentrent a leur temple et restent peinard toute la journee. Il parait qu'ils prient, mais on les voit plus souvent sur leur Ipod que plonges dans leurs livres (remarquez ils prient peut etre electroniquement). A cote de ca, ils semblent etre extremement gentils et tolerants, et on regrette de ne pas s'etre arretes un soir demander l'hebergement.






Le soleil tape fort, et en pleine aprem ca peut etre difficile. Un jour ou je n'ai peut etre pas assez bu j'explose en vol, comme on dit dans notre petit jargon. A peine descendu du velo je dois m'asseoir car la tete tourne trop. Je suis perclus de crampes, jusque dans les abdos (qui pourtant ne sont pas les muscles qui bossent le plus en velo) et me lever me donne envie de vomir. Je pense qu'une nuit de sommeil fera l'affaire. Le lendemain, prevoyants que nous sommes, on part a 13h (a la fraiche quoi). Je met pas longtemps a serrer les dents dans la roue de Vico et la fin de journee est un calvaire entre crampes et envie de vomir. Mais on est recompenses de nos efforts le soir. Alors que je me laisse mourrir sur un trotoir pendant que vic cherche une guest house, j'essaye de discuter un peu avec le type qui fait griller des bouts de calamar devant moi. Tout content que je lui parle, il me dit "go home, same-same". Le "same-same" est tres utilise dans le coin et peut vouloir dire pas mal de choses, mais a force de geste je comprend qu'il nous invite. Vico ne revient pas alors il me dit qu'il rentre et que son "baby" viendra nous chercher. Deux heures plus tard, alors que Vic commence a avoir de serieux doutes sur mon recit, le baby (25 ans, bandana et tatouages) vient nous chercher et nous guider a la maison. Ca faisait un moment que l'on ne s'etait pas fait heberges, et ca nous fait plaisir de retrouver ces moments ou on ne sait pas trop ou se mettre, quoi dire ou quoi faire - et au final bien se marrer et se faire servir comme des princes! Pas moyen de discuter en anglais ici, ni la maman ni les deux fistons ne parlent plus que le pere, mais tous s'occupent de nous du mieux qu'ils peuvent. On regarde l'album photo famillial avant d'aller se coucher (probablement dans le lit des parents mais pas moyen de refuser ces choses la!). Le matin au reveil un copieux dejeuner nous attend.




Apres une journee eprouvante dans la grosse grosse chaleur, on arrive au Mekong. Y a des etapes comme ca qui font plaisir, en voyant le fleuve pour la premiere fois ca fait se rendre compte que quand meme, on a fait de la route. Comme toujours on est bien informes sur les endroits ou on va : -"T'as idee si c'est crade le Mekong?" -"J'en sais rien mais j'me demande si y a pas des aligators ou des gros serpents" -"Bon ben allez, a la flotte". Et la baignade dans le Mekong apres une dure journee, c'est le paradis.


On se trouve une guest house de reve, avec des petits bungalows en bord du fleuve. On s'enfile quelques bieres Chang en regardant le Laos, qui est juste de l'autre cote du fleuve. Il faut bien avouer que la Chang aura coule a flot durant notre passage en Thailande. Mais qu'est-ce que vous voulez, on a entendu dire que la biere apportait des minereaux tres bon pour la recuperation, alors...




C'est en longeant le Mekong que l'on rencontre David, un espagnol qui sera notre compagnon de route pour quelques jours. Tenue de cycliste, casque et lunettes, bagages ultra legers. On se dit qu'il n'est pas la pour rigoler et la premiere cote le prouve, on se fait deposer. Mais on roule avec lui jusqu'a Nong Khai, a quelques kilometres de la frontiere Lao. Apres un passage a la douche notre espagnol est meconnaissable, il passe du cycliste pro au hippie. Il a passe 3 mois en inde avant de venir en Thailande ou son visa expire le lendemain, son timing est parfait. Il ne sait pas ou il va apres Vientiane, mais on decide d'aller au moins la bas avec lui. On est bien plus jeunes que lui mais on se sent toujours comme avec un pote en sa compagnie. On partage nos petites histoires de voyage en allant se trouver a bouffer des trucs locaux : c'est pas le genre a bouffer a la guest house, notre espagnol. On recoit nos premieres goutes de pluie depuis des mois et ca fait plaisir!


Le lendemain on se dirige vers le "pont de l'amitie Lao-Thai". 30$, un petit sourire et hop le visa est dans la poche. Si ca pouvait etre toujours comme ca... On n'a plus qu'a enjamber le mekong, et on se retrouve au Laos. Ca a toujours un cote un peu magique les passages de frontiere, et c'est franchement plus agreable que de debarquer par avion. On retrouve le cote droit de la route, on est comme a la maison. Le retro redeviens utile (oui oui, on est tellement feignants qu'il est reste du mauvais cote pendant 2 mois).




Vientiane, la capitale du Laos 250 000 habitants, est en faite un gros village. Le centre ville est occupe par les Falangs (nom donne ici aux occidentaux), alors forcement fleurissent des guest house et restos aux menus occidentaux et plutot chers. Les "ganja, opium, cocaina?" ou le tres classique "lady boom boom?" fusent depuis les nombreux touk touk, mais la ville est au final tres calme et paisible.
Un gros morceau nous atend ici : les visas. On se debarrasse du visa viet qui est rapide et cher, puis on s'attaque au visa chinois. L'embassade de Chine reserve un traitement special aux francais, il nous faut deux fois plus de papiers que les autres : copies de notre vol retour en avion, de nos reservations d'hotels, une lettre de notre employeur, ... Evidemment on n'a rien de tout ca, mais on est en Asie et en alignant quelques dollars on se fait faire des faux. La procedure prend une semaine, et on decide de commencer a remonter vers le nord; on fera un aller retour en bus pour venir chercher nos passeports.
David est deja parti depuis quelques jours, il n'a pas de paperasse faire. On a profite du week end (embassades fermees) pour explorer la petite capitale avec lui, flaner sur les marches et boire des beerlao devant real-barca. Comme d'hab un petit pincement au coeur lors des separations, on aurait bien roule un peu plus avec lui. Mais qui sait si on ne le recroisera pas?



Reprendre la route apres s'etre occupe du "paperwork" nous fait du bien, d'autant plus que le bord de route est particulierement anime. C'est la fete partout et les cadavres de beerlao s'entassent devant les maisons et les bars. Apres quelques kilometres on se rend compte que ce sont surtout les femmes qui eclusent la biere. A chaque village des sonons sont a fond dans toutes les maisons et ca danse ca danse ca danse. On est en milieux d'aprem et de 15 a 75 ans, pas une bonne femme pour marcher droit. Vous comprenez bien que ca ne nous incite pas a faire une grosse journee de velo, et on decide de participer a la fete en prenant nos rations de beerlao. On comprend que la cause de toute cette agitation est la journee de la femme, que les dames lao fetent dignement. On finit la journee dans un petit village en effervescence, et notre nuit se termine au karaoke-bar du coin.


Les jours suivants sont plus calmes, mais les Lao sont extremement chaleureux et souriants. On passe nos journee a repondre aux "Sabaidee!" (Salut!) pleins d'entrain qui nous viennent de partout.
Il nous faut rejoindre Vang Vieng ou l'on pourra prendre un bus allez retour pour nos passeports. La petite histoire de ce village est etonnante. Il y a une dizaine d'annee, un Lao a eu la bonne ou mauvaise idee (a vous de juger) de proposer des aprems "tubing" (se laisser flotter sur une chambre a air de tracteur) sur la riviere Nam Song. Petit a petit, les falangs on commence a accourir, les bars se sont mis a fleurir en bord de riviere et la tradition de s'arreter a chaque bar s'envoyer un seau de vodka ou wisky lao (qui coute environ le meme prix que l'eau) s'est encre. Tous ca a commence a prendre des grosses proportions, le buisness s'est mis a tourner a fond, la police s'est laisse corrompre et tous les produits immaginables se sont mis a circuler librement. Le probleme c'est que des plus en plus de gens avec le cerveau en vrac tentaient des sauts de l'ange a des endroits ou la riviere etait assechee ou battaient involontairement des records d'apnee. Quand les morts se sont mis a s'enchainer trop rapidement, le gouvernement a du dire stop et tout faire fermer - bar et tubing. Depuis quelques mois l'activite reprend doucement mais la ville reste tres calme.
Quand on arrive a Viang Vieng et que l'on tombe sur un village comme les autres, cent pour cent Lao, on se dit que l'on doit s'etre trompes. On trouve finalement la rue qui mene au centre ville, et cent metre plus loin c'est comme a chaque fois une impression etrange qui nous envahis : plus un seul Lao a part pour vendre des sandwichs ou louer des chambres, et des falangs par centaines.



L'aller-retour a Vientiane se fait en une journee, toute la route que l'on a fait en velo et qui nous a tellement plu nous passe sous les yeux, sans saveur. On n'apprecie finalement pas grand chose du haut d'un bus. On ne peut pas s'empecher de se dire qu'on est privilegies de voyager en velo : les meilleurs moments que l'on passe sont dans les villages ou personne ne parle un mot anglais et ou les gens sont ravis de nous voir, plutot que dans les points touristiques ou se concentrent les falangs et ou les rapports avec les gens du pays sont fausses.



On roule a travers les formations kharstique, immenses roches calcaires a l'aspect de pains de sucre. On sait que les prochaines etapes vont etre rudes et on prefere se poser pour une bonne nuit. Un petit coin de verdure au bord d'une riviere nous parait bien adapte, et apres une bonne baignade/douche on se glisse dans nos duvets. C'est la que l'on voit arriver quatre lampes de poche en notre direction. Et merde. Surement des flics, mais ils ne parlent pas un mot d'anglais alors on fait semblant de ne pas comprendre qu'ils nous disent de ne pas rester ici. Ils appelent un copains, surement un qui parle anglais se dit-on. Gagne, au bout d'une demi-heure un autre gazier arrive avec un anglais assez elabore pour qu'on ne puisse plus feindre l'incomprehension. On change de tactique : on n'a pas assez de sous pour se payer une guest house et promis promis demain matin a l'aube on a decampe. Ca ne marche pas vraiment mais ils sont trop gentils pour nous ordonner de partir, ils sont tout penauds. D'apres leurs signes, le risque en restant ici est de se faire trancher la gorge. Apres une demi heure de palabres, la petite troupe se retire. La partie nous semble gagnee, mais ce n'est pas le cas. A la voiture l'un d'entre eux doit regarder les collegues et dire : "Eh oh, on est flics oui ou non?". Les voila qui reviennent prenant leur courage a deux mains pour etre autoritaires. Plus le courage de resister, alors on remballe et on les suit a une guest house. C'est possible de dormir dans la cour gratuitement? C'est possible.


A l'assaut des montagnes. Le veritable ennemis n'est d'ailleurs pas le denivele mais la chaleur qui est accablante. On grimpe durant des heures, bien distraits par des paysages superbes bien que ternis par la poussiere. A propos, toutes nos excuses pour les photos qui ne rendent rien avec ce brouillard, melange de poussiere et de la fume provoque par l'agriculture sur brulis. Le premier jour se passe parfaitement, nos 6 mois d'entrainement nous permettent de grimper sans trop s'epuiser. Vico fait un debut de fringalle en fin de journee mais un petit casse croute permet d'y remedier. 
Il y a dans ces montagnes un nombre impressionant de cyclos. Cette route est la seule permettant de rallier le nord du pays depuis Vientiane; le Laos etant une des destinations tres apprecies pour le voyage a velo, on croise beaucoup de confreres. La plupart sillonnent l'Asie du Sud Est et on est jaloux a la vue de leur chargement si leger. D'autres sont au milieux de voyages plus long et leurs bagages nous rassurent. Tout comme le nombre de cyclos, le nombre de gosses dans ce pays est etonnant. Ca grouille de petiots debrailles, frimousses sales, qui nous poursuivent en criant "Sabaidee! Bye bye!". Quand on s'arrete le soir et qu'on demande a camper sur la place principale, c'est sans etonnement que des dizaines de petits yeux viennent observer nos moindres fait et gestes jusqu'a notre sommeil.





La journee suivante se passe bien moins tranquillement pour moi. A nouveaux, j'explose en vol. Mal de crane, tete qui tourne, les crampes jusque dans le bide, ... Au milieu d'une cote, je jette mon velo a terre et vais roupiller dans un fausse. Je me reveille quelques minutes apres couvert de fourmis, ce qui est finalement une bonne chose : ca m'oblige a repartir. Je dois puiser tres loin pour arriver en haut. Heureusement qu'en contrepartie de ces efforts, on est recompenses par les immenses descentes. Immaginez une demi heure sans mettre un coup de pedale, a rouler tambour battant au milieu de paysages superbes. L'ivresse! Mais on retombe les pieds sur terre quand il faut se remettre a forcer. On parviens a rallier Luang Prabang. Vico commence a accuser le coup lui aussi, meme s'il n'est pas dans un etat aussi minable que moi. On dort pendant deux jours.




Maintenant on met le cap sur le Vietnam. Pour passer dans des endroits moins frequentes, on a choisi d'emprunter une piste qui traverse la montagne. Ca va probablement piquer, mais c'est l'jeu!

Cote chiffres, ca fait maintenant plus de 6 mois que l'on est partis, et on a depasse les 10 000 km.

Les photos c'est par la!







10 commentaires:

  1. En tout cas c'est une joie de vous lire! Je suis aussi ravie de cette journée de la femme qui me fait espérer qu'un jour les femmes du monde entier s'émanciperont..
    Les paysages et les rencontres donnent envie d'être à vos côtés mais faites attention à la chaleur.

    Take care,

    À bientôt,

    Elodie

    Très bonne continuation.

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  2. Fini pays thaï
    Aïe la chaleur lao pour
    Farangs à vélo!

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  3. Super vos aventures ! Bonne continuation, on pense à vous !

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  4. Quel courage vous avez!.Et tous ces paysages somptueux souvent encore intacts! .....quel plaisir vous devez avoir à voyager ainsi.Le climat ,les gens ,les paysages ,votre façon de vivre sans le confort ,vous êtes dans un autre monde pour nous .
    Alors qu'ici l'hiver n'en finit pas ....
    Merci encore pour l'article et les photos ....
    Profitez bien
    CM( Limoges)

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  5. Quel plaisir de vous lire et de vous voir! Vous nous avez manquez ;)
    Gros bisous
    Marion

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  6. Bonjour à vous deux, c’est toujours un plaisir de suivre votre parcours épisode après épisode. Les photos sont un complément pertinent de vos récits. C’est un peu endless summer sans le surf votre trip, à la recherche de la piste vierge. Que de rencontre et de partage. C’est un capital immatériel énorme que vous vous constituez, une expérience marquante à n’en pas douter.
    Encore bravo et vivement le prochain article
    David et Delphine

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  7. Attachant pays de "sourizières" .Jolies photos de paysages vallonnés aux villages authentiques .Très bonne route à vous deux.

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  8. Bonjour les jeunes,enfin de vos nouvelles ont s'impatientaient un peu mais bon tout va bien c'est l'essentiel.toujours beaucoup de plaisir a vous lire et a vous voir également.De superbes photos qui nous font partir un peu avec vous et ça c'est chouette. Robin on a bien reçu ta carte merci elle nous a fait très plaisir.bon faite attention a vous ,profitez bien,bonne route et beaucoup de courage.Robin on t'embrasse et on pense a toi.Alain & Véronique B.

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  9. Hi there amigos!

    I hope you're enjoying Laos as I did, it was hard to cycling at there because the hills and the heat, but anyway it's special place with nice people all the way around.
    I saw the pictures of "the pro-cycler-hippy"hhahahaha!!! it's true I am the only touring biker that looks professional, I mean just on the cloths because as you said I still carry a light panniers and losing my stuff everywhere.

    It was great to meet you, it's makes happy to be part of your lovely trip,
    |Take care!! and I'll see you!!!

    All the best for you!

    The hippy-pro!

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  10. coucou donnez nous des nuvelles cela va faire plus d'un mois et nous sommes impatient de suivre vos aventures charline

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