Direction le transsiberien, train mythique qui traverse la russie de part en part, de Vladivostok a Saint Petersbourg. Nous on l'emprunte "seulement" d'Irkoutsk a Moscou, ce qui represente deja plus de 5000 km et 86 heures de trajet.
Le fait de prendre un transport, bus train ou avion, n'est jamais bien agreable avec nos velos. Toujours des problemes de places, de rangement, on a des ascoches eparpillees partout... Mais a la gare d'Irkoutsk on demande s'il y a quelque chose de special a faire, et on nous vend un ticket bagage specialement pour nos velocipedes. Nos voila rassures, on fait nos provision pour les 4 jours a venir l'esprit tranquile, en se rejouissant a l'idee que nos velos vont etre dans un compartiment bagage et que l'on va donc etre bien peinards. Erreur!
En arrivant sur le quai une gentille controleuse nous guide a notre wagon. On fait connaissance avec notre controleuse, moins gentille. En nous voyant arriver avec nos velo elle rentre dans une rage folle, direct. Nous on ne comprend rien, on montre qu'on a paye un surplus de bagage, elle ne s'arrete pas de hurler. De toute evidence il n'y a pas de wagon bagage, et on comprend qu'il va falloir condamner une couchette pour loger nos velos. On s'escrime pour faire loger nos mulets sur la mince couchette, en prenant soufflon sur soufflon par la controleuse. Car celle-ci n'est pas revenue de sa colere, elle se pete les cordes vocales. Le train ne s'arrete pas longtemps en gare et il ne faut pas lambiner : avec nos sept sacoches chacun et nos velos que l'on nous a fait demonter, on a de quoi faire. La controleuse continue d'aboyer pendant que l'on s'occupe de nos affaires. "Pourquoi dieux n'a pas fait de paupieres pour les oreilles?"
C'est le moment de faire connaissance avec notre voisine de compartiment. Une bonne femme enorme au mechant visage ecarlate et bouffi, au cheveux rouges delave, un furoncle sur la joue gauche. Initialement surnome "la grosse", on la renome "la sorciere" : c'est pas tres classe d'attaquer sur le physique. On sent direct que celle-ci non plus ne va pas etre notre copine. Elle demande d'entree au chef de train (qui est venu voir ce qui se tramait, alerte par le boucan) a ce qu'on soit refuses. Heureusement le chef de train est le seul type a nous sembler a peu pres normal a ce moment, et il lui explique qu'on a nos tickets et qu'il faudra bien faire avec nous. La controleuse, elle, continue de brailler. La sorciere demande a ce qu'on planque nos velos sous un drap. On s'execute. La controleuse continue de meugler.
Enfin, apres de nombreux efforts, tout est a peu pres case. Le train part et on pense que le plus penible est passe. Mais la sorciere va chercher la controleuse (qui avait enfin finit d'hurler) et on nous demande de nous laver. On fait pas d'histoire, on a compris que la sorciere allait essayer de nous enmerder au max. On refuse de payer pour la douche et on l'obtient gratuit. A notre retour, la sorciere demande a ce qu'on change nos habits (elle ne s'adresse jamais a nous mais va toujours se plaindre au pres de la controleuse, qui s'empresse d'arriver en hurlant). On veut bien etre sympas mais faut pas pousser, on n'est pas des clodos et on s'est laves le matin meme a l'hotel, on commence a s'enerver. Nos deux enemies battent en retraite, et on peut enfin se poser. M'enfin on n'a qu'une couchette, c'est pas le top. La nuit n'est pas de tout repos, d'autant que la sorciere ronfle comme un petit goret. On pense a aller chercher la controleuse pour se plaindre, mais ce serait declancher une guerre ouverte et on ne part pas franchement gagnants.
Deuxieme nuit. Apres avoir etudie plusieurs possibilites, on decide de dormir dans les placard a bagage. Ca fait clandestin, il ne faut pas etre claustro mais c'est mieux qu'a deux sur la petite couchette. Au matin la controleuse rentre dans la chambre en s'egosillant - comme a son habitude - et pointe direct le placard. La sorciere nous a vendu! Mais alors la ma vieille pour nous faire descendre d'ici, il va falloir se lever tot.
Heureusement les autres gens du wagons sont plus sympas et on nous invite a manger, on nous offre gateaux et victuailles. Tout le monde nous prend un peu en pitie, a dormir a deux sur un couchette dans le compartiment de la sorciere.
Beaucoup de petits villages, de chalets, de routes tout le long du trajet. On s'atendait a des immenses paysages vierge, c'est finalement assez construit (et c'est relativement logique!). On traverse d'interminables forets, de grandes prairies quelques fois un peu vallonnees. Pour tout dire c'est assez monotone et on est bien content de faire tout ca en train.
La sorciere rale parce qu'on a nos pieds sur la (notre!) couchette, la controleuse gueule, on s'enerve.
La sorciere rale parce qu'on ouvre la fenetre, on prend un soufflon de la controleuse, on s'enerve.
On se lance dans une operation "petits velos en fil de fer" pour les gosses du wagon, je sors la tenaille. Il y a des sacoches partout, pas de place et je pause la tenaille pile-poil au dessus de la grosse tete raugeaude de la sorciere (on est sur les couchettes du haut). Est-ce un acte manque? En tout cas avec les vibrations du train, la tenaille bien lourde bien coupante se casse evidemment la gueule. Par un reflexe salvateur je devie sa trajectoire et elle passe a quelques centimetres des cheveux de la sorciere puis va finir sa course sur la moquette. Je descend en tremblant : a quelques centimetres pres, le voyage se terminait au goulag.
Malgre tout, ca fait quelque chose d'etre ici dans ce train, filler a toute allure a travers la siberie! Lorsque le train fait des longues pauses aux gares on echappe aux griffes de la controleuse pour aller faire un tour en dehors de la gare. Novossibirsk, Omsk, Kazan, on va humer l'air siberien. On s'apercoit qu'on fait meme un petit bout au Kazakhstan.
On finit par arriver a Moscou, a 4 heure du matin. Le soleil se leve, il fait frais, il n'y a pas un chat dans les rues. On passe quelques heures a sillonner la ville sans but precis, a juste contempler les inombrables eglises et les immenses batisses. On est vraiment emerveilles par cette ville magnifique.
On reste 5 jours entre visites et soirees, dans deux hostels pas trop chers et sympas comme tout (banana's et arizona dream, on conseille!). On est bien places et on peut aller a pied au Kremlin, aux differentes eglises ou parcs. On passe de bonne soirees, notament les samedi ou apres avoir ecoute le concert d'Artic Monkeys en plein air (pour le voir c'etait 50 euros alors...) on rencontre des jeunes moscovites avec qui on fait la noce jusqu'au lever du jour.
La ville est tres belle mais aussi tres chere, tres riche. La ville la plus chere du monde apres Tokyo, nous dit-on (info a confirmer!). En tout cas beaucoup de bagnoles de luxe et de femmes habillees en haute couture, on nous regarde des fois un peu de travers avec nos vetements uses. Ou peut etre qu'on est tout simplement tres beaux et que les gens nous regardent avec admiration, allez savoir.
Il faut bien repartir, le temps presse pour rentrer en france. 600 km en ligne droite pour sortir de la Russie et rentrer en Europe. En repartant de l'hotel on a vraiment le sentiment que le voyage se termine. Ca y est, le prochain objectif est Limoges, et les plus belles choses sont probablement derriere nous. On a le blues, le bourdon, le moral au fond de la gamelle.
La sortie de Moscou est bien plus tranquille que ce que l'on nous avait anonce, et on file plein Ouest sans se retourner. Apres une premiere nuit dans un jardin (ce qui nous permet d'avoir une petite douche au matin), on va de riviere en riviere pour les campements : il fait assez chaud et on a bien besoin de faire trempette les soirs. Un petit bain dans la Volga ne peut pas faire de mal.
Les Taons se sont allies aux moustiques pour ne pas nous laisser de repit. Ils sont assez rapides pour voler a vitesse de cyclistes, et ils aiment bien nous poursuivre la journee. Parfois, a bout, on s'arrete pour faire un carnage. On tue ces sales betes froidements, methodiquement, a mesure qu'elles se posent. Le probleme c'est qu'on a beau gagner des batailles, on ne gagnera jamais la guerre.
Le soir au campement les moustiques prennent le relai avec hargne.
La route est jallonnee par les vendeur de giroles et de mirtilles, mais aussi par les trapeur qui viennent vendre leurs peaux. Ours, ecureuils, renards, tout y passe en manteaux, echarpes, chapeaux ou tapis. L'un de ces trapeurs nous offre un beau poisson seche que l'on a toujours pas mange, ne sachant pas trop comment le preparer.
Lors de la derniere nuit en russie, les moustiques sont en forme olympique. Il y en a tellement qu'on les ecrases sans le vouloir; ils nous rentrent dans le nez et la bouche. Au milieu d'un long silence durant lequel chacun s'occupe de ses propres bestioles, Vico le regard dans le vague me dit "ils sont en train de m'avoir au moral, la"
Mais non mais non, personne ne nous a au moral, et on traverse la frontiere au matin. Bon c'est vrai que ca nous fait un peu bizarre d'etre de retour sur le sol europeen... Aucun probleme pour passer en Letonnie, on change nos rouble puis on s'arrete au premier market pour depenser quelques euros. Les prix nous semblent bien bas, et pour cause : la lettonie n'est pas dans la zone euro. On se sent un peu stupides, mais on arrive a payer moitie rouble moitie euros.
Il nous reste maintenant 3000 kilometres a faire en 1 mois, il ne s'agit plus de lanterner. On se met en mode compet'.
La Lettonie ne nous laissera pas un souvenir imperissable. Tres paisible, tres propre, les haies sont bien taillees, les gens polis et bien peignes, les voitures sont propres et les prix sont eleves. Il doit faire bon y couler une petite existence tranquille, mais a traverser a velo ca nous semble manquer de charme et de folie. Mais n'y restant que deux jours, notre jugement est peut-etre hatif.
La Lituanie ressemble a sa voisine, mais avec des paysages plus attirants, beaucoups de lacs et des forets. Bon ca reste le meme genre de pays ou il ne semble pas se passer grand chose. 2 million d'habitant en Lettonie, 3 en Lituanie, c'est pas gros.
On roule jusqu'a Kaunas ou l'on trouve internet dans une bibliotheque : pas de cybercafes ici, tout le monde a internet chez soi.
Demain la Pologne!
Terrible Jaquouille en photo bonus !
RépondreSupprimerLes voilà enfin de retour en Europe ...
RépondreSupprimerQue de pays traversés...
On dirait que Vic a un problème de dentition...
Une dent en moins et deux de travers ?
Qu'est ce que c'est que ce truc ? Du travail pour le dentiste ou une photo montage ?
CM (Limoges)
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerMais non c'est pas les dents c'est Jacquouille!
RépondreSupprimerCM (Limoges)
Elles sont encore superbes ces photos de la Russie avec toutes ses églises orthodoxes et ses isbas...
RépondreSupprimerSympas toutes ces cigognes ,cette campagne à perte de vue et l'article bien ficelé
Faire Moscou -Kaunas en 7 jours avec vos vélos chargés,vous êtes des champions!
Vraiment,vous êtes d'un grand courage.
Profitez bien !
CM Limoges le 21/07/13
La Pologne a été traversée ainsi que Prague .
RépondreSupprimer(nouvelle matinale de Vic ce matin à 6h15)
La frontière allemande n'est donc pas très loin...
c'est donc dans la poche...
RépondreSupprimerde Limoges ils se rapprochent
se disent les proches...
Arrivée de Victorien et de Robin le 15/08/13 à 18h00 à
RépondreSupprimerl'hotel de ville de Limoges .
Salut les jeunes. Bon eh bien votre merveilleux voyage se termine et vous l'avez fait !!!!!! Super et félicitations. Du coup avec vos commentaires toujours très sympathiquement écrit et vos magnifiques photos on a voyagé un peu nous aussi, c'était très agréable, Merci. Robin, ça a été un plaisir de faire ta connaissance (par hasard ... ) et si tu passe un jour par chez nous, n'hésite pas, arrête toi. Je pense que vous allez vivre longtemps avec vos têtes pleines de super souvenirs !!!! Excellent. Courage pour vos derniers kilomètres, ce ne sont peut être pas les plus faciles. Bon Robin on t'embrasse très fort et bonne rentrée... Véronique & Alain B
RépondreSupprimerLes conquérants
RépondreSupprimer(à la manière de José-Maria de Hérédia)
D'Isle, de Limoges,
Vic et Robin partaient
Ivres d'un rêve héroïque et mythique.
Ils allaient conquérir
La sagesse antique
Que la Chine nourrit
Chez ses moines mystiques.
Sur leurs montures de fer,
Sur leur mollets d'acier,
Ils regardaient monter
Sur ces terres lointaines
Du fond de l'horizon
La chaîne Himalayenne.
De Gobie,ni les sables ni le vent
Ni les lacs mongols
N'ont pu les retenir
LES VOILA!!!
Ils reviennent, l'effort les a durcis et grandis à la fois...
Serrons-les dans nos bras!
grand-pa
Bonjour mesdames et messieurs,
RépondreSupprimerPermettez moi de vous présenter une opportunité de fin d'année en beauté et en joie. Vous vous faites de souci pour les fêtes de fin d'année, vous avez envie de passer une noël mémorable et inoubliable. Je vous donne une opportunité de prêt rapide et fiable dans un court délais. N'hésitez pas, une seule adresse à contacter pour amples informations.
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